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Voyage nocturne

Najati Al-Bukhari

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La chambre de ma mère était pleine de la clarté de la lumière donnée par les premiers rayons du soleil levant. Dans son lit, ma mère s’endormait encore. Il n’était pas le temps pour se réveiller. Dans peu de temps de mon arrivée une infirmière faisait son entrée. Elle avait beaucoup de choses à faire comme de préparation pour l’opération qui aura lieu au matin du jour suivant. Naturellement, elle se réveillait. Elle a oublié la présence de l’infirmière et s’occupait de me regarder. Une communication entre elle et moi avait lieu, un dialogue dans lequel elle me posait plusieurs questions surtout concernant mon absence la nuit dernière. Sans dire aucun mot elle comprenait parfaitement que je m’étais rendu à la Zaouîa dans l’ancienne partie de la Sainteté.

Au même temps, l’infirmière avait fini son devoir et je pensais qu’elle a remplie plusieurs éprouvettes du sang de ma mère. Puis elle a sorti en portant à la main gauche le plateau plein d’échantillons du sang de ma mère qui se tenait en silence et n’avait pas montré aucun signe de sa volonté de m’adresser peu de mots. De temps en temps, elle avait fermé les yeux comme une indication qu’elle a compris tout. Puis elle a repris son sommeil tranquille. Avec ma présence elle sentait en sécurité et en paix.

Le jour avant l’opération était pour nous très décisif et important. Au cours de toute la journée le chirurgien accompagné par plusieurs infirmières aussi bien que l’anesthésient ont visité ma mère plus qu’une fois. Dans tout le temps j’étais dans la chambre avec ma mère qui me s’adressait fréquemment peu de mots qui ne m’a donné aucune signification spécifique. Elle était consciente qu’elle avait un rendez-vous avec le destin. Il me semblait qu’elle acceptait ce qui était écrit pour elle dans le livre de la vie et de la mort. Elle ne se montrait pas de signes de plainte et de mécontentement.

Le jour passait tranquillement et paisiblement. Le soir a arrivé et l’obscurité dominait à l’extérieur. J’ai décidé de me retirer à ma chambre pour me préparer aussi pour confronter demain le jour décisif dans la vie de ma famille. Peu à peu, toute trace de la clarté a actuellement disparu. Au dehors, la Sainteté se plongeait enfin dans l’obscurité. Bien que la saison fût celle du printemps et par conséquent le ciel fût clair sans aucun nuage visible, les étoiles, qui normalement scintillent brillamment comme de beaux yeux souriants, ont totalement disparu. Le monde de l’extérieur était dominé par un silence affreux et pesant. La Sainteté s’endormait dans un sommeil profond et naturellement elle avait à ce moment-là ses rêves et peut-être ses cauchemars. Fréquemment on entendait le hurlement du vent printanier. Sinon le silence était le roi absolu.

Il n’était pas encore minuit et il fallait attendre quatre heures ou plus pour témoigner l’éclosion de l’aurore dorée. Les oiseaux à ce temps-là se perchaient dans leurs petits nids et sur les branches des arbres d’olives et ils aussi avaient leurs rêves et leurs cauchemars. Abruptement le silence dominant sur la Sainteté était perturbé et troublé dans une façon bizarre et inattendue. Ce n’était pas un bruit spécifique ni un vacarme familier mais une sort de bourdonnement qui se produisait partout, au dehors et à l’intérieur de la chambre, la mienne, dans le troisième étage de l’hôpital.

A ce temps-là, à minuit, j’étais bien endormi dans mon lit, sans rêve. Tout à coup les yeux étaient ouverts et je ne voyais autour de moi que les ténèbres. Comme une première réaction de ma part je levais la main droite dans le vide et plus précisément autour de mes oreilles. Je pensais qu’un moustique, ou plus, s’envolaient dans la chambre et étaient en train de m’attaquer pour sucer mon sang. Néanmoins et après très peu de temps je réalisais que la source du bruit faible mais troublante n’était pas un petit insecte, le moustique, mais une source au delà du monde des insectes. Pour quelque temps je prêtais les oreilles attentivement pour mieux entendre le bruit troublant qui se produisait dans l’ambiance qui m’enveloppait. Mes efforts, me semblaient-ils, n’étaient pas suffisants pour trouver une explication raisonnable pour le phénomène que je devais faire face. Quand j’étais complètement réveillé j’avais le sentiment que quelque chose de nature très étrange et inexplicable se passait autour de moi. ¨Pour peu d’instants je pressentais que j’avais perdu mes pouvoirs de raisonnement. Car, à vrai dire, j’étais envahi par une sensation insupportable et mystérieuse de peur et d’appréhension.

Le faible bruit s’intensifiait et peu à peu s’est devenu plus haut et plus terrifiant. Avec le passage de temps je pensais qu’un événement avait lieu dans la Sainteté et que le bruit n’était que le retentissement des cris angoissés venant des êtres humains qui habitaient la Ville Sacrée. Le plus je prêtais les oreilles pour mieux entendre le bruit le plus j’étais incliné à me dire que c’était la voix des femmes accompagnée de temps en temps de la voix presque étouffée des enfants souffrants.

Je descendis de mon lit et je me mis à faire peu de pas vers la seule fenêtre de la chambre qui était bien ouverte. Avec hésitation j’osais de mettre la tête un peu au dehors de la fenêtre. J’espérais d’explorer l’ambiance et les environs de l’hôpital. Assez étrangement, dès que j’ai commencé à scruter l’espace sombre qui s’étendait devant moi je ressentais tout soudain comme si des mains fortes mais invisibles avaient tenté de m’étrangler avec détermination. Pour moi, c’était une surprise bizarre. Sans réticence je me retirais de la fenêtre et je tentais à la fermer. Mais, malheureusement, elle ne se fermait pas. Elle restait ouverte et les hauts cris de femmes et des enfants ne cessaient pas d’arriver.

De temps à l’autre, j’étais sous l’impression que les cris affreux venaient actuellement de l’hôpital lui-même. Il était très probable que des malades frappés par le cancer, comme ma mère, souffraient énormément et donc poussaient ces cris d’angoisse et de tourment. Mais ce sentiment n’expliquait pas la vraie nature de ce bruit qui était fréquemment étourdissant et assourdissant et venait de partout.

Etait-elle, elle-même, la Sainteté, en détresse et en désespoir. L’époque dans laquelle les événements de cette histoire avaient lieu était les dernières années de la décennie cinquante. A cette période de la vie éternelle de la Sainteté, la Ville Sacrée souffrait, comme elle avait souffert très fréquemment au cours de toute sa longue histoire, de la cruauté de l’homme et de ses ambitions et de ses atrocités. Combien de fois avait-elle témoigné au long de son histoire des actes de violence et de brutalité? Combien de fois avait-elle constaté souvent des désastres et des catastrophes survenant dans et autour de son sanctuaire sacré. Combien de fois avait elle vu d’usurpateurs et d’envahisseurs utilisant les épées, les glaives et la mesquinerie afin de la posséder et de la violer. Cependant, les cris continuaient à venir retentissant. Il me semblait qu’il n’y aura pas de fin pour cette manifestation de la détresse et de la tristesse.

Le temps se traînait lentement. De minuit jusqu'à les premiers instants précédents l’éclosion de l’aube, j’étais bien réveillé. Avec l’arrivée lente et réservée du début de la clarté, la Sainteté, comme une très ravissante jolie fille, s’est déjà réveillée avec des traces de la tristesse se manifestant sur son visage. Sans doute elle avait beaucoup de cauchemars la nuit précédente. Quant à moi, il fallait de m’apprêter pour les événements du jour dont le plus important était l’opération de ma mère.

A dix heures un groupe d’infirmières venaient à la chambre de ma mère. Elles étaient accompagnées par deux infirmiers qui poussaient un palanquin à roulant, un chariot. Dès leur entrée je m’éloignais avec hésitation du lit de ma mère qui était à ce moment-là bien réveillée et connaissait qu’elle sera emmenée au rez-de-chaussée dans la salle de l’opération. Avant sa sortie de la chambre ma mère me jetait un coup d’oeil et me donnait un sourire simple. Involontairement, et avant les infirmières ont traversé la porte de la chambre je me suis allé dans une vitesse incroyable à la civière et je touchais par la main le front de ma mère. Elle, dans une voix très faible et étouffée et à peine audible, me dit. ‘Dieu te bénit, mon fils’. Dans peu d’instants ma mère a disparu au fond du couloir où se trouvait l’ascenseur d’un type primitif.

Naturellement, je suis allé à ma chambre et là-bas je choisis de rester pour attendre le retour de ma mère de la salle de l’opération. Je me suis assis dans une chaise près de la fenêtre en regardant devant moi la Sainteté. Je la regardais humblement pour solliciter la miséricorde et la clémence pour ma mère. Miraculeusement, j’étais étonné de voir devant moi dans le ciel clair et bleu plusieurs anges aux ailes de la lumière éblouissante qui s’envolaient autour de l’hôpital.

En voyant dans une façon claire et catégorique cette créature céleste je suis devenu un peu optimiste. J’espérais que ma mère sortira de la salle de rez-de-chaussée de l’hôpital saine et sauve. Je ne savais pas quoi faire jusqu’au temps de la fin de l’opération. La seule solution disponible qui me présentait était d’essayer d’oublier tout ce qui se passait récemment. Dans un autre sens, j’étais en train de vivre dans le vide et le néant. Cependant, ce n’était pas possible. La maladie de ma mère me poursuivait toujours et par conséquent je me rappelais que ma mère était dans la salle de l’opération.

Par chance je regardais l’extérieur et je voyais mystérieusement le couple maudit, mon demi-frère et la voisine méchante. Etait-il possible que les deux étaient actuellement encore dans la Sainteté et qu’ils poursuivent, ou plus précisément, pourchassaient ma mère malade partout. Je les voyais, les deux, se levant la tête en me regardant fixement et sournoisement et avec sarcasme et haine. Ce spectacle continuait pour des instants. Ensuite, les deux ont disparu je ne savais pas où. Ce spectacle était-il la création de mon imagination ou est-ce qu’il a représenté la réalité?

Déjà deux heures ont passé depuis que les infirmières ont emmené ma mère à la salle de l’opération. Il n’était pas possible que l’opération aurait arrivé à sa fin. Il fallait attendre plus de temps. L’opération, j’en étais sûr, avait besoin de plus de temps que deux heures. Partout, j’avais le sentiment que tout allait bien avec ma mère et qu’après la fin de l’opération elle deviendra dans un état de santé mieux qu’avant. Mais l’attente était difficile et insupportable. Par conséquent, je considérais la possibilité de faire quelque chose pour savoir la vérité en ce qui concernait le salut et la guérison de ma mère. Une autre heure se passait très lentement et rien n’avait lieu dans le domaine de l’information à propos du progrès de l’opération. Bien entendu, mes soucis et mes inquiétudes s’augmentaient et s’intensifiaient. J’étais seul dans ma chambre. Il n’y avait personne pour parler avec. En principe je portais avec moi partout un petit livre pour lire si je n’avais pas de choses importantes à faire. Cette fois-ci, je n’avais pas un livre et j’avais seulement la mémoire pour m’aider de remplir le temps de l’attente. La tension intense s’accélérait et je suis devenu dans une condition lamentable et insoutenable.

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A la fin de la troisième heure et dans une façon inattendue on a frappé sur la porte et puis on a entré. C’était une infirmière charmante d’un âge peu avancé qui me donnait un sourire apaisant.

-Bonjour monsieur. Vous êtes le fils de la malade, n’est ce pas? M’adressa les paroles l’infirmière.

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-Oui je suis le fils. Est-ce qu’il y a de nouvelles à propos de ma mère? Demandai-je avec anxiété et un peu de nervosité.

-Je suis ici seulement pour vous convoyer un message de la part du Chirurgien. Répondit l’infirmière.

-Qu’est-ce que je dois faire. Dis-moi. Demandai-je.

-Rien, il faut que vous me poursuivez et maintenant.

-Est-ce qu’il y a de mauvaises nouvelles ou quoi? Demandai-je.

-Ne vous inquiétez pas. Le chirurgien veut parler avec vous, c’est tout. S’il vous plaît poursuivez-moi. Piétera l’infirmière.

Je n’avais pas le choix car sans hésitation je quittais la chambre et nous nous sommes dirigés vers l’ascenseur. Dans peu de temps je me trouvais en face d’une porte fermée. Sur une plaque accrochée sur le côté droit de l’entrée, le nom du chirurgien était écrit.

-Il vous attend, me dit l’infirmière, en ouvrant la porte.

A l’intérieur du bureau j’ai vu devant moi le chirurgien vêtu totalement de son uniforme professionnel.

-J’ai seulement peu de temps pour vous parler sur la condition actuelle de votre mère. Ce n’est pas dans la pratique et l’habitude des chirurgiens de laisser la salle de l’opération, même pour peu de temps. Cependant, j’avais le sentiment que j’étais fatigué et que j’avais besoin d’un court repos. Il y a auprès de votre mère mes assistants et un autre chirurgien. Je me dis qu’il faut utiliser cette session de repos pour vous parler pour peu de temps. Me dit le chirurgien.

-Dr. je suis prêt à écouter à tout ce que vous allez dire. S’il vous plaît dis-moi quelque chose sur la maladie de ma mère. Demandai-je.

-Nous allons finir l’opération dans une heure. Malheureusement nous avons trouvé le cancer répandu presque partout à l’intérieur du corps de votre mère. Ce n’est pas seulement l’utérus mais aussi une grande partie des intestins qui sont déjà attaqués par le cancer. Bien sûr, nous extirperons tous les organes déjà atteints. Votre mère sera dans une bonne condition pour une période de peu de jours, de semaines ou de plusieurs mois, pas plus. Mais enfin et dans le très proche avenir elle perdra finalement la bataille. Déclara le chirurgien.

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-Peux-je faire quelque chose pour elle, je veux dire pour sauver ma mère. Demandai-je dans une voix plus ou moins étouffée et tremblante.

- Rien sauf la prière en espérant qu’un miracle n'aura lieu pour la sauver. Répondit le chirurgien dans une façon catégorique.

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-Dr. ... et la Sainteté, je veux dire cette ville Sacrée, je suis sûr qu’Elle peut sauver ma mère. Un miracle est possible dans ce lieu Saint. Sollicitai-je, tandis qu’une larme coulait, malgré moi, sur mon visage.

Le chirurgien me regardait fixement en essayant de comprendre ce que j’ai dit. Il voulait dire quelque chose. Mais tout soudain il a sorti de son cabinet en me laissant seul et dans une confusion totale. Personne n’était venu pour me dire ce que je devais faire. Enfin, après peu d’instants d’attente, je sortais du cabinet et je me dépêchais vers ma chambre au troisième étage au fond du couloir.

Encore une fois je m’imaginais que le couple diabolique, mon demi-frère et la voisine sorcière, était au fond de l’autre bout du couloir. Ils s’occupaient de parler et de discuter. Je me suis arrêté pour mieux surveiller les deux diables. De loin j’entendais leurs rires fréquents et leur voix mais je n’étais pas capable de savoir clairement ce qui se déroulait du dialogue entre les deux. Je m’imaginais que les deux attendaient le chariot de ma mère. Plus tard je réalisais que là-bas se trouvait la section du soin intensif de l’hôpital. Car ma mère au lieu d’être emmenée à sa chambre était menée vers une chambre de cette section spéciale du soin intensif.

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